samedi 15 août 2015

Le beurre, l'argent du beurre et un souvenir de la crémière/I want it all

C'est bientôt la rentrée.
La seule réelle pour moi et sans doute pour les cohortes de parents dont la vie est rythmée par le calendrier mode gruyère des années scolaires.
Ma rentrée à moi est toujours l'occasion de prendre de super résolutions. Je me sens pleine d'énergie, tellement mûre, sage, inspirée... J'y vois tellement clair, comment, mais comment pourrais-je retomber dans les mêmes erreurs ou habitudes desservantes que l'année dernière?  Je vais être une super maman, ne jamais m'énerver, travailler beau et bien, impacter du monde et faire rentrer des vrais sous, être présente pour les copains, m'habiller plus sexy et moins tomber comme une vieille chiffe molle à 21h, arrêter le sucre, faire du sport deux fois par semaine, ne jamais plus éclater un bouton et arrêter de mettre certaines fringues du siècle passé, écrire souvent ici pour reconnecter avec tous ces gens blessés, meurtris, perdus sans moâ...
Yes I can, Yes I will!

Aujourd'hui je me prends à rêvasser, muser comme disent les Américains, sur cette expression délicieusement triviale: vouloir le beurre, l'argent du beurre et ... là le bât blesse, mais enfin, repartir avec un petit quelque chose de la crémière - ou du crémier, cela se fait bien. Aux Etats-Unis, cette expression se traduit par "You can't have your cake and eat it, too", ce qui, je l'avoue franchement, m'est impénétrable, car enfin, c'est quotidiennement que je vois des Américains gober des gâteaux qu'ils possèdent, rien d'impossible à cela. Une autre expression pour traduire la même idée: to want it all, me parle bien plus.

Je suis pour tout vouloir, moi. Simplement parce qu'on parle bien de vouloir et non pas d'obtenir. C'est l'énergie et l'intention qui comptent plus, et il me semble évident que si on s'autorise à vouloir beaucoup, on atteindra toujours bien plus que si on avait réglé les compteurs sur raisonnable au départ.
Souvent je trouve cette gêne, chez mes clients, plus souvent mes clientes, à vouloir trop, comme si ce n'était pas poli, pas joli. Foutaises. You want it all and it's ok to want it all. Tant qu'on utilise la puissance de ce désir, non pas pour nous mortifier dans l'envie et la frustration, mais pour rester en action et tendre vers ce à quoi nous aspirons (et qui est le plus souvent bien au-delà de notre propre nombril, le contraire de trivial en fait), c'est bueno, d'après moi.


3 commentaires:

  1. lucile.gubler@gmail.com17 août 2015 à 03:53

    Chère Agathe, je dirais même que le plus important est le désir... de désirer. Chercher ce qui nous plaît et nous convient profondément. Ce qui suppose de l'identifier, et dans certaines vies, cette recherche peut prendre du temps. Suivez mon regard, à propos de recherche, et pensez à un certain Marcel Proust qui y a consacré sa vie, à sa recherche. Sauf qu'il avait conçu la fin, le "temps retrouvé", en même temps que le premier volume. "Tu ne me chercherais pas si tu ne m'avais déjà trouvé", n'est-ce-pas?
    Mais revenons sur notre chemin de réflexion: connaître ce qu'on aime profondément parce que c'est ce pour quoi on est le plus doué, voilà un beau programme. Les vacances peuvent y être d'une grande utilité, pour ces moments suspendus dans le temps, propices à la réflexion, qu'elles nous offrent: vous savez, quand on pourrait presque penser qu'on s'ennuie, qu'on a rien à faire, et bien c'est là que la vie devient intéressante car sans même en avoir conscience, on commence alors à puiser dans ses ressources profondes. Si, alors, on écoute simplement les pensées qui se bousculent, sans les juger, sans les classer non plus immédiatement dans une case déjà prévue qui est la meilleure façon de passer à côté de soi - on communique avec soi-même. Ca peut être un rêve, si l'on s'était légèrement assoupi (nous sommes encore en vacances, dans un transat ou sur une plage, rappelez-vous, lecteur et lectrice!). Ca peut être en plein milieu des courses au supermarché, simplement parce qu'on a un regard différent sur ce chariot que l'on pousse aujourd'hui dans un enchaînement différent de tous les autres jours de l'année. Un léger décalage, qui ouvre la voie vers autre chose. On se voit en train de commettre cette action, on continue à se voir - pourquoi pas - en se projetant dans une action tout à fait autre. Et cette chose, apparue à notre esprit par association d'idée, elle déclenche en nous un plaisir inouï: on s'y voit, on y est, on est bien.
    Avez-vous déjà rêvé que vous voliez, que vous planiez? Vous rappelez-vous la sensation de légèreté et de perfection absolue ?
    L'étape suivante de la démarche consiste à appeler sciemment cette faculté à se rêver dans un univers favorable... Mais cela devient une autre histoire...

    Ton propos me touche encore, Agathe, lorsque tu évoques le "want it all": la cuillerée de confiture qui a meilleur goût quand elle déborde; les gâteaux serrés par le petit enfant - un dans chaque main - et il voudrait pouvoir en tenir plein d'autres encore, en même temps. La couleur qui déborde du cadre quand on l'étale d'un trait de pinceau, et que ce débordement nous met sur la voie d'un autre dessin, qu'on imaginait pas le moins du monde en commençant. Voilà, je sais: je veux déborder du cadre, parfois. Parce que cela peut être une façon de rencontrer son prochain, dans certaines circonstances. De côtoyer les étoiles étalées dans le ciel. Parce que cela fait battre le cœur. Et justement, à propos de cœur: derrière les bons pots de beurre, se cachent immanquablement une fermière (un fermier) et le découvrir, c'est cadeau, en plus du beurre !

    RépondreSupprimer
  2. Pierre-Edouard Chomette17 août 2015 à 12:26

    Bel article donc! Et pour l'illustrer, une chanson d'Ariane Moffat, auteure, compositrice et interprête québecoise.
    https://www.youtube.com/watch?v=4ePtu8lq8bo

    RépondreSupprimer