mercredi 12 juin 2013

Children's literature (a special kind of)

Choisir, ce n'est pas toujours confortable. En français, on a la formule bien connue de l'embarras du choix. Il y a aussi le proverbe allemand (ai-je déjà dit ici à quel point j'aime l'allemand? ) qui va un pas plus loin: "Wer die Wahl hat, hat die Qual": celui qui a le choix est sous la torture. 


Ne pas choisir, cela peut être confortable, finalement. 


Je n'ai pas choisi de parler à ma fille de 7 ans de la transsexualité. Sa maîtresse l'a fait! Je suis assez grateful en fait, j'en aurais été bien incapable. Evidemment, il n'y avait pas urgence... Moi toute seule, nous tous seuls, on n'aurait pas pensé à lui expliquer maintenant que ce problème existe en ce bas monde. On aurait attendu, un peu lâchement, qu'un reportage voyeuriste ou qu'un quolibet méchant s'en charge à notre place. Mais alors, qui sait quelles dimensions aurait pris la chose dans son esprit? 

Ainsi, ma cocotte est en 1st grade à l'école élémentaire publique américaine, ou devrais-je dire californienne?, et la semaine dernière, tout naturellement, la question du genre, de l'identité sexuelle ressentie, était au programme.

J'ai demandé: c'est un choix de cette école-là de suivre un curriculum appelé Welcoming schools, de porter son effort sur la sensibilisation et la tolérance de tous à toutes sortes de modèles de famille, ce pour éviter le stereotyping et le bullying (brimades). C'est ainsi qu'il y a le BBQ LGBTQ* annuel, l'Equity night où sont scrutées les attitudes de la communauté vis-à-vis des Afro-Américains etc... Tout cela est très positif, franchement. Parfois cependant, j'avoue être un peu jalouse, je voudrais moi aussi mon évènement, un brunch pour familles à 4 enfants, un fundraiser pour des livres en français à la bibliothèque... Soyons créatifs et inclusifs. 

Retour au gender. Les enfants ont étudié le livre 10 000 dresses, l'histoire d'un enfant de sexe masculin, prénommé Bailey**, qui toutes les nuits rêve de robes. Des robes en cristaux, en fleurs, en verre etc... Il parle de ses rêves à sa famille, sa mère, son père et son frère, qui se moquent de lui et lui répondent qu'il ne peut pas porter de robes puisqu'il est un garçon. Il finit par rencontrer une fille plus âgée qui essaie justement de coudre des robes mais qui a des difficultés, elle refait toujours le même modèle sans le vouloir. Bailey lui raconte son rêve sur la robe en verre et "together the girls made two new dresses, which were covered with mirrors of all shapes and sizes". 

Ma fille est revenue de l'école avec ce shéma


Quand elle m'a raconté l'histoire de Bailey, en français, ça a pas mal cafouillé sur les pronoms, mais au final, le choix s'est porté sur le pronom féminin, elle. Dans le bouquin, Bailey est dès le début un She. A l'écrit, si on hésite encore, ce n'est pas dramatique, il suffit de bricoler un peu au crayon à papier: (s)he. Fastoche. 



Voilà. Cela m'a laissée songeuse, c'est vrai. A quoi bon le cacher. 
En colère, choquée, flippée? non. Ca aurait pu. Mais non.
Amusée? presque. 

Fière? oh que oui, quand ma poulette m'explique le plus simplement du monde que Bailey a un problème parce qu'elle est un garçon mais se sent une fille, sans plus de commentaire, de questions. It is what it is

Pour elle (pas pour Bailey), c'est un no-brainer. C'est un fait. C'est un problème parmi d'autres problèmes.  Pour ce qui est de la solution à ce problème, on ne parle pas (encore) de bistouri ou d'hormones, on parle juste de being who you are. Simple.


Alors que moi, à 35 ans passés, je dois bien l'avouer, i can't still really wrap my mind around it. 






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*Just in case: LesbianGayBisexualTransgenderQueer

**Bailey, j'ai cherché du coup, est un prénom plutôt féminin mais porté par des garçons dans environ 20% des cas. On a des prénoms comme ça en français??? j'ai l'impression qu'on change systématiquement l'orthographe pour les prénoms mixtes mais je peux me tromper? 


PS: Vous pouvez feuilleter virtuellement 10 000 dresses ici:
http://www.amazon.com/10-000-Dresses-Marcus-Ewert/dp/1583228500#_



4 commentaires:

  1. impressionnant. Si seulement toutes les ecoles du monde pouvait proposer les choses de manière aussi simple que cela à nos enfants. It is what is / be who you are.

    Mais bon, nous on a la manif pour tous pour s'opposer à tout progrès dans la perception du monde. Et planter des graines d'intolérance/ de souffrance bien profondément dans les petits cerveaux de leur enfants.
    Quant à nos chers maitres, ils ne sont pas bien prèt à adopter les cadeaux unisexes pour la fete des meres/des peres (bah oui, moi j'ai un sachet de lavande pour mettre dans les draps, c'est normale je suis une maman je m'occupe du linge et je suis soigneuse, et papa a le droit à un truc qui ressemble à une voiture, normal aussi un papa ca aime le boeuf, les patates, les voitures ...).
    Et la crèche me regarde toujours un peu bizarrement lorsque je réponds "Je ne sais pas, vous avez vu ca avec leur père ?". Bon en meme temps ils ont affiché un panneau "bonne fête des parents à tous". C'est déjà ca...

    Ah au fait camille est un prénom qui doit être probablement 80% feminin 20% masculin ;)

    Axl

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  2. By the way, ma fille, 3 ans et demie, a rigolé comme une bécasse dans le bus samedi parce que "le monsieur il a les cheveux longs". j'ai failli répondre "papa aussi avait les cheveux longs avant de ne plus en avoir assez" mais je ne suis pas sure que ledit papa aurait apprécié.
    j'ai essayé de la convaincre que les monsieurs aussi pouvaient aussi avoir les cheveux longs, et qu'en plus ce n'était pas très poli de rire bêtement sur le look des gens. Le sujet est revenu sur le tapis mardi "j'ai dit à Loïc que j'avais vu un monsieur avec beaucoup beaucoup de cheveux". Bigre, le message n'est pas vraiment passé et les stéréotypes sont déjà bien ancrés dans son cerveau... Un idée de destination hippie où passer nos futures vacances ???

    Axl

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  3. Autre prénom parfaitement unisex et s'écrivant de la même façon pour les hommes et les femmes: Claude
    Ici au Québec l'orthographe de Dominique est le même pour hommes et femmes. Le Dominic est extrêmement rare (en France je me souviens plus)
    Très intéressant comme post en effet. Et c'est vrai que cela parait bizarre. Mais en fait, cela me rappelle l'époque ou je vous ai dit que je préférai les garçons. Je me souviens de JC ou toi-même s'inquiétant de la façon de le dire à leurs enfants. Finalement c'est pas vraiment compliqué et la réponse vient d'eux-même. It is what it is.
    C'est pas mal que l'école prennent en charge ce genre d'apprentissage, car je dois bien avouer que cela ne doit pas être facile à aborder avec les kiddos.
    Maintenant, je rejoint ton point Agathe sur le fait qu'on devrait aussi parler des familles 4 enfants etc... Où est le bon dosage? Quelles sont les limites? S'il y en a...
    Ouf... quel vendredi :-)

    Merci pour ce post en tout cas.
    Bises
    Edouard

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  4. Bonjour! Très intéressant cet article! Dans les prénoms mixtes dont l'orthographe ne change pas il y a Sacha, Céleste ou encore Claude... Ca me fait rire Axl la réaction de ta fille car mon amoureux porte les cheveux longs (milieu du cou) et nos nièces lui demandent toujours de leur faire des couettes parce que "lui il sait faire" (il attache souvent les siens ;-))

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