samedi 25 mai 2013

Retrohelped

Dans ma rue, il y a un couple d'une soixantaine d'années qui a l'air adorable. 

Elle, Peggy, a subi pendant plusieurs mois sans broncher mes chaleureux "Hi Penny!!"
Lui, Norton, est maître dans l'art de promener son chien tout en lisant, incroyable mais vrai, et une seule chute au compteur, il y a une dizaine d'années. 
Le chien, c'est Sophie, dommage, ce prénom-là j'aurais pu m'en souvenir facilement, mais je ne dis pas bonjour aux chiens, faut que je travaille ma kindness envers les clébards je sais je sais mais c'est tout en bas de ma to be kind to list, je préfère être honnête. 

Anyways, jusqu'à très récemment, la vie étant ce qu'elle est, c'est à dire le contraire d'un long fleuve tranquille, et la rue étant elle aussi ce qu'elle est, c'est à dire divisée en deux, moitié nord les gens se connaissent, moitié sud les gens ne se connaissent pas, jusqu'à très récemment donc, avec Peggy et Norton, et Sophie allez, cela s'arrêtait à '"hi!" "hi!". 

Or doncques, j'eus un quatrième enfant. Et là, c'en fut trop pour ces voisins en or. J'ai vu la Peggy débouler avec un petit cadeau, trop gentil, et planter ses yeux bleus dans mes yeux marrons : "You know, if you need help, please ask me, i would love to help you".

Comme je suis sympa comme voisine, je lui ai fait répéter, en lui précisant bien que si j'entendais la même chose une seconde fois, elle allait emménager chez moi rapidos. Et elle a répété. Et moi, je regardais bien ses yeux, histoire de ne pas me faire avoir une fois de plus par LE grand défaut des Américains, les affirmations non suivies d'action (archétypal: We would looooove to have you over soon!*), et j'ai bien vu qu'elle était totalement sérieuse. J'ai bien vu qu'elle voulait. Qu'elle demandait. 




Depuis, Peggy traverse au moins deux fois par semaine pour de mini babysitting last minute providentiels. 
Je m'étonne qu'elle soit toujours disponible, cela fait presque peur. Elle le dit elle même: elle commence sa journée par de la gym ou de la marche à 6h du matin (pourquoi, mon Dieu, pourquoi?? ) et ensuite elle est chez elle à "lire le journal", je cite. Norton, lui, travaille encore, et puis de toute façon il passe ses journées avec Sophie. Leurs trois enfants ont quitté le nid, ils attendent le coup de fil qui annoncera le premier petit-enfant. 

Ai-je besoin de préciser que les enfants l'adorent?


Et la question, du coup, c'est: qui aide qui, là? qui demande, qui donne, qui reçoit, qui remercie, qui est grateful**, qui qui qui sont les Snorkis...??

Rââââ, c'est tout mélangéééé!!








PS I am grateful for my busy life


samedi 18 mai 2013

Confusing


Les vaches n'ont pas été traitées aux hormones de croissance (c'est marqué deux fois),

les piments sont réels, (ça veut dire pas en plastique je suppose), 

c'est des farmers qui s'occupent de tout ça, et depuis 1909 en plus, pfuiii autant dire depuis Mathusalem ;)

c'est tout natureeeeeel, (c'est marqué deux fois)...




Mais mon gruyère râpé, qui loge dans mon frigo depuis déjà deux bonnes semaines, est bon jusqu'à la fin août 2013... 

Am i missing something?? 


mardi 14 mai 2013

Heartcare reform

On entend souvent que le système de (protection) santé aux USA est inhumain.

... Bon, comme tous les énoncés, Dieu que c'est fatiguant, il est à prendre avec des pincettes, si vous en avez sous la main. 

Voici ce qui ornait le coin accueil/administration de l'étage Labor and delivery (traduisez, ahhhh poétique extrême de l'anglais, labeur et livraison...), à l'hôpital où sont nés mes deux derniers loustics, à Berkeley.


C'est ce qu'on appelle un Gratitude tree, ou Appreciation tree.
Il y a un bloc de post-its et des stylos lambdas à côté, et qui veut écrit son message de reconnaissance et/ou de remerciement à qui bon lui semble: un médecin, une infirmière, le pédiâtre, la femme de ménage, le portier, une personne de l'administration, un mari, une péridurale, un tapis de yoga, un Dvd qui a  fait passer le temps???. Il n'y a aucun gain, cadeau, reward, c'est anonyme, gratuit, unilatéral et bien sûr totalement optionnel. 

C'est typiquement le genre de truc qui prend 3 minutes et typiquement, on n'a pas 3 minutes, pas là.

Mais en fait, si, on a 3 minutes là.

Who are you grateful to, today? What are you grateful for, today? What/who did make a difference for you, today?


Aujourd'hui j'ai envie de ne point m'arrêter là et de vous lancer le défi suivant: prenez 3 minutes et exprimez votre gratitude pour 3 personnes/choses/whatever en les nommant dans un commentaire. Pour écrire un commentaire c'est juste en dessous, là. Oui, là. Pas besoin de détailler le pourquoi du comment, c'est entre vous et vous. 

Allez, je commence:
Peggy     Debbie     Nathan

Et vous? 



PS: Notez que ce petit challenge me permettra vicieusement de
1) savoir qui lit mes posts jusqu'à la fin
2) avoir le plus grand nombre de commentaires jamais laissés sur ce blog, je suis confiante
3) devenir célèbre?


mardi 7 mai 2013

Home sweet home


Well well, mine were born at the hospital.

Il me faudrait à moi aussi un sticker de ce style, précisant qu'en plus d'avoir eu mes 4 loulous à l'hosto, j'étais les 4 fois shootée, pour mon plus grand plaisir, par péridurale, et qu'il y avait tout plein de docteurs pas loin pour s'assurer que tout allait bien... Mais peut-être qu'on crèverait mes pneus?? 

J'exagère à peine, dans ce coin des States, si l'on n'y prend garde, on a vite fait de croire que toutes les femmes accouchent chez elles. La homebirth, à Berkeley, c'est totalement tendance. Au salon, avec autour les copains, la grande soeur, les voisins et belle-maman en prime. Groovie. 

Je connais une maman qui a fait venir plusieurs semaines avant la jour J (évidemment on ne peut pas prévoir précisément) une énorme baignoire/piscine chauffée qui a trôné dans son salon aussi longtemps que nécessaire. J'en connais une autre (bon d'accord elle est prof de yoga) qui a fait couper le cordon à son fils de deux ans, et qui a tapissé sa maison de photos de la naissance à domicile... Faut aimer. Et je ne compte plus les femmes qui parlent de leur 50 hour long labor. 50 heures??!! La gestation made in USA est définitivement plus longue que dans la vieille Europe!

Le résultat, c'est que, pour ma part, je me sens toujours obligée de préciser que franchement, rien d'héroïque vous savez, j'avais la piqûre, et puis bon c'était vraiment rapidos, non quand j'y repense, c'était de la roupie de sansonnet... même pas la peine d'en parler... 

J'en étais presque à m'excuser quand je suis tombée sur la stat qui (me) tue: Moins de 1% des naissances aux USA ont lieu à domicile!!! Comme en France, à peu de choses près!
Mais de qui se fiche-t-on?? 
  



dimanche 5 mai 2013

My mental pen

Incroyable le nombre de découvertes que je fais sous la douche. Des idées qui me foncent dessus, à toute berzingue. On parle en anglais de aha moments, j'adore, ou bien encore de breakthrough moments, imaginez la lumière qui transperce (break through) l'obscurité de votre esprit à peine sorti des limbes du sommeil et des cris du petit déjeuner, la pépite qui surgit alors que vous cherchez à l'aveuglette le shampoing... 

Tout cela, chez moi, est décuplé le dimanche matin, jour béni, ce n'est pas moi qui le dit, puisqu'il autorise à rester de trèèès longues minutes sous la douche (grateful grateful grateful), au mépris de toute conscience environnementale, au mépris du mari de compétition qui, de l'autre côté de la porte bien fermée à clé, gère la meute hurlante, et bien sûr, au mépris de la messe, qui commence à 10h30, autant dire trop tôt quand on sort de la douche à 10h29. 



Bien. Ce matin donc, sous la douche re donc, me frappa la chose suivante: 
en anglais, to notice, remarquer, fait montre d'une promiscuité gigantesque avec to note, écrire, prendre des notes. 

Deuxième perforation de la sombritude par la lumière, en français aussi, remarquer et marquer sont  quasi jumeaux, sauf que je ne l'avais jamais observé (...) vu que j'utilise bien plus écrire que marquer pour dire noter. 

Vous suivez? J'espère. 


Or donc, qu'est ce que ça donnerait si on marquait quelque part tout ce qu'on remarque? 

Tout, non, en fait, mais la partie de ce qu'on remarque dans nos journées qui peut nous enseigner quelque chose, être recyclée de manière productive, contribuer à notre bien-être? 

Exemple: que n'ai-je noté et conservé précieusement des descriptions précises de certaines phases par lesquelles passent les enfants? La phase j'ai peur des choses nouvelles, la phase je me jette par terre chez Safeway, la phase je ne veux plus prendre le bain, la phase je suis ultra susceptible etc... Cela m'aurait permis, je pense, d'être moins surprise à chaque fois que ces phases reviennent chez un enfant différent, de moins me prendre la tête en compagnie du père des minots sur le mode "on a déjà eu ça, on a déjà eu ça, il faut rester cool, c'était qui, c'était quand déjà, tiens reprends moi une bière ça va me revenir???" et autres réjouissances conversationnelles de l'après 20h30. 

Autre exemple: tel jour de telle année, j'ai radicalement changé d'avis sur une personne que je tenais jusque là en piètre estime. Sur le post-it imaginaire, le pourquoi du comment du processus, en détails svp. Je suis sûre que cela ouvre la porte à d'importantes améliorations, du style: puisque cela m'est arrivé une fois déjà, vais-je vraiment recommencer à tenir cette autre personne en piètre estime vu que dans X mois je vais encore me sentir ridicule? 

Dernier exemple: ohlala, ce déjeuner dominical s'est super bien passé, tout le monde a bien mangé, même les brocolis, eh oui!, pas de verre renversé, un semblant de conversation, tous les 6 autour de la table, ensuite tout le monde file se reposer sans râler, ohlala c'est le pied, je le remarque, je note, qui que quoi dont où et hop, le prochain déjeuner dominical infernal, je pourrai relire mes notes pour me convaincre que si, cette scène bénie a bien eu lieu, et retrouver la recette!! parce que sur le moment, je sais bien que j'enverrai bouler quiconque essaiera de me rappeler gentiment que dimanche dernier, tout s'est bien passé... tandis que si c'est moi qui l'ai écrit...


Pfff... si on notait tout ce qui est noteworthy dans nos vies, on serait des super heroes, moi je vous le dis. On pourrait donner des cours de vie et se faire grassement payer. On serait totalement présents, et ça, c'est bueno.  







PS Un autre jour, si vous êtes sages, je m'étendrai sur l'étrange homonymie en anglais entre pen, stylo, et pen, poulailler, ce qui, du point de vue du titre choisi pour ce post, est pour le moins bizarre autant qu'étrange.