mercredi 31 octobre 2012

dimanche 28 octobre 2012

Soften

Il y a un endroit de mon corps auquel j'ai décidé de faire un sort, récemment. C'est l'espace entre mes sourcils.

Je ne parle pas ici d'épilation, ni de Botox, nan nan nan.

Non je parle de cette petite tension énervante qui est perpétuellement nichée sur ce centimètre carré du troisième oeil, là où les indiennes portent leur bindi

Je (on?) suis tellement habituée à cette tension qu'elle ne se fait plus remarquer que par son absence, rare. C'est la tension du yakafaukon, du next step, de la to do list en folie, du J'existe parce que je fais. 

C'est elle, peut-être, qui est responsable de nos torticolis, de nos nuques fatiguées, de nos migraines, de notre verticalité abîmée. Le front toujours un chouia devant le coeur, on ressemble à des tours de Pise pressées. Squattant déjà l'instant qui va venir, on habite peu, finalement, celui qui est là. 

Ce qui est dommage, outre les rides qui immanquablement envahissent la place, c'est que l'état de tension global de notre visage est probablement ce que les autres perçoivent de nous en tout premier. Pas les copains autour d'une bière, hein, plutôt les inconnus dans la rue, ceux qui éventuellement pourraient nous approcher d'un peu près, nous ralentir.

Je me soumets donc parfois à des exercices rigolos pour mieux appréhender mon handicap et l'apprivoiser. Sourire en fronçant les sourcils: challenge; dire bonjour sans sourire, hyper dur, mais faisable. Sens inverse: avoir l'air rogue en détendant totalement cet endroit stratégique, échec constant; ne pas ressentir un certain bien-être dans mon corps tout entier en éliminant cette tension: impossible.

Plus traditionnels, le yoga et la méditation sont des alliés efficaces permettant de lutter en douceur contre ce déplaisant froncement.


mardi 23 octobre 2012

Neuroplasticity

Voilà le nouveau concept qui agite le monde des neurobiologistes. Depuis une bonne quinzaine d'années ce modèle annule et remplace officiellement le modèle précédent, celui d'un cerveau immuablement constitué au sortir de l'enfance, et au mieux capable de s'appauvrir avec les années.

Vu que tout le monde n'est pas au courant de la bonne nouvelle, j'ai décidé de la relayer dans ce blog. N'étant pas du tout du milieu, je demande pardon par avance pour toute grossière approximation ou erreur crasse d'expression. C'est l'intention qui compte. 

On avait déjà constaté que le cerveau, en réponse à de graves mutilations, pouvait surprendre son monde et recréer ailleurs les éléments permettant de rétablir les fonctions abîmées, voire en créer de nouvelles. Il y a cette histoire géniale du type qui termina sa vie avec une barre de fer en travers du crâne, sans autre forme de handicap, mais avec une personalité tout autre et des comportements radicalement différents de ceux auxquels il avait habitué ses proches. 

On avance maintenant sur la capacité du cerveau à répondre et à changer face à un entrainement (training), à la répétition d'une expérience. Moins sanglant, plus démocratique.



Mettons que vous déménagez. Pour vous rendre chez vous depuis votre travail, il n'est plus nécessaire de passer par la place Péreire. Un vrai deuil. Au début pourtant, votre itinéraire de base est tellement présent dans vos neurones que vous vous trompez deux ou trois fois, vous reprenez votre chère place Péreire, celle qui vous a vu grandir. Mais très vite, de nouveaux chemins (neuropathways) vont se créer dans votre cerveau et annuleront ce savoir désormais inutile.

Ces transformations, cette plasticité est observable et mesurable par l'imagerie (et parfois même, paraît-il,à l'oeil nu, si vous disposez d'un trépané sous la main) et concerne à la fois la structure du cerveau (création de nouveaux neurones, évolution de leurs relations entre eux par les synapses, mapping mouvants...) et ses fonctions, ce qu'il peut faire. Ce travail de sculpture ne s'arrête jamais. 

Bon. Pourquoi ça m'intéresse? Parce que cette bonne nouvelle-là nous indique que nous avons une marge de manoeuvre réelle sur nos perceptions, notre manière d'utiliser ce muscle suprême. Exactement comme un biceps, on peut le muscler et le huiler avec une certaine intentionalité. Les adeptes du sudoku comprendront. Si nous agissons consciemment et de manière continue dans une certaine direction, de nouvelles connections se forment up there et ce qui était au départ un exercice devient rapidement (très rapidement, c'est ça qui est bien) une habitude, un réflexe, quelque chose de naturel, d'intégré au sens propre. Donc nous pouvons cultiver ce qu'il nous plait de cultiver (empathie, concentration, odorat, compassion, que sais-je encore) avec la confiance que le changement c'est maintenant. Nous pouvons aussi regarder les habitudes qui nous déplaisent et nous desservent dans nos vies et décider de mettre en oeuvre  des rituels stratégiques pour les supplanter peu à peu par des motifs plus sains. 

C'est bien, non? Oui, je sais. 





PS: Ce post est très ambitieux, je suis épuisée. 
Un autre jour, je vous parlerai des effets observés de la méditation sur le cortex... passionnant. Et je vous raconterai le rôle du Dalai Lama dans l'avancée des scientifiques occidentaux vers des conclusions qui s'approchent de très près des messages centraux de nombres de traditions religieuses ou de sagesse ancestrales. Soyez sages. 

mardi 16 octobre 2012

Bye, kula

Ca devait arriver et c'est arrivé. 

Ce week-end passé était le dernier de mon immersion de yoga, les dernières 10 heures d'un voyage de 108, au sein d'un groupe de 20 personnes d'une richesse inouie. 

Quand je me reporte 10 mois en arrière, je vois mes tergiversations sans fin: ai-je le droit de m'octroyer ce luxe? de laisser ma tribu un week-end par mois? de suivre mon intuition qui me poussait à explorer plus profondément le yoga comme pratique physique certes, mais surtout comme manière de vivre, de ressentir, de recevoir des enseignements millénaires dont l'applicabilité dans la vie contemporaine me semble absolument intacte? 

On a fait du yoga, of course. Chacun d'entre nous partait d'un niveau différent, on a juste avancé ensemble et chacun, on a développé autant que faire se peut une home practice, on a, au fil des mois, essayé de garder au dehors, dans la vie, l'attitude d'ouverture, d'espace, de respiration, de non-jugement qu'on développe sur le tapis .
On a essayé diverses pratiques de pranayama (respiration). 
On a parlé anatomie, nourriture, massage. 
On a médité, appris les techniques du tonglen, de la maitri/meta, du vipassana
On a chanté (kirtan).
On a lu des textes antiques et mythiques, les Yoga Sutra de Patanjali, la Baghavad Gita. On a écouté des histoires. 
On a réfléchi aux concepts de divin, de sacré, d'humain, de générosité, de changement, d'inconfort, de finitude, d' interconnection entre tous et tout.
On a eu des sharing circles, des checks-ins, occasions pour tous de percevoir la variété immense de nos vies et d'apprendre de chacune, pour moi de toucher à nouveau du doigt à quel point la mienne est préservée, jusqu'ici. 
On a partagé nos snacks, piqué des fous-rire, eu les yeux qui piquent parfois. 

Et puis dimanche soir, on a conclu par un superbe potluck ayurvédique, et puis c'était fini. 
A charge à chacun de keep the spirit and the inspiration going. 

On, c'est la kula, la communauté, la famille temporaire que nous avons formée. 

On, c'est Allie, Bud, Angela, Simone, Rena, Melissa, David, Eric, Susan and Susan, Elizabeth, Wuin, Mehl, Sylvie, Lara, Sherri, Diane, Kelly, Cheryl, Andrea, Megan, Fred, Marissa, Ellen, Lynn, moi, les assistants Vadan, Shakti et Debra, et la teacher Kimber. MERCI.


                                                                                         ***


Ca fait new age? yéyé? 70's? Hare Krishna? 
Ben pas du tout, mais alors pas du tout. 
J'ai rarement été plus en prise avec la réalité, ouverte, intéressée, créative, audacieuse, inspirée pour ma vie quotidienne que ces 10 derniers mois. 

Ma plus profonde gratitude va à mon mari chéri, qui a tout simplement permis cela. 


Bye, Kula.


Kleenex.



mercredi 10 octobre 2012

Friendship

J'ai appris des tonnes de choses depuis que je vis ici, notamment sur la connection musculaire entre le coeur et le cerveau, mais une chose résiste. Pire, plus ça va, moins je comprends.

Qu'est ce que ça veut dire ici friendship

Une scène amusante la semaine dernière: je rencontre, pour le boulot, une coach en formation. On parle une heure, stylos en main, agendas sous le coude, sa journey, ma journey, ses input mes input, Strengthsfinder et autres sujets de notre actualité. On conclut par un free trade win-win à mort: elle devient ma cliente pour trois sessions de coaching, je deviens sa cliente pour deux soirées de son workshop sur la Positive Discipline. Au moment de se séparer, elle me lance, tout sourire: 
"Well i am so happy to have gained a new friend!".
Bon j'étais déjà debout donc je ne suis pas tombée de ma chaise, mais j'ai trouvé cela extraordinairement noticeable. 

Il y a quelques mois j'avais aussi eu droit, de la part de ma voisine par ailleurs très agréable, qui me revoyait après la longue pause estivale, à un très aigu 
"Oh my God, I swear, if i were'nt working i would be your best friend!" 
Euh... comment je dois le prendre? Quand elle sera au chomedu elle viendra glander avec moi c'est ça? Je dégage un tel truc que dans une autre vie elle aurait été mon ombre? Je suis larguée. 

A ces anecdotes s'ajoute le sentiment diffus, depuis plus de trois ans que nous regardons (et admirons en beaucoup de points) l'homo californicus, que tout ce qui a trait à l'amitié dans un sens plus traditionnel, s'arrête à la sortie du college ou de l'université. Ensuite, c'est la community qui prend le relais, enfin on dirait. Oui ils voient du monde le week-end, mais c'est un fundraiser pour l'école. On célèbre la première communion du petit dernier, on invite la rue entière. Seulement. Oh you know X? she's a good friend of mine! I did not know she has two kids;)! etc... etc...


Bon, c'est comme tout cela dit, cette incompréhension, c'est une opportunité pour réfléchir deux minutes ou deux ans à ce que soi-même on désire mettre sous ce terme désormais frelaté (peut-être que Google+, avec ses circles, fait un peu mieux que Facebook où on se friende à tout va?):

une texture, une qualité, une extensibilité qui sont des choix très personnels, 
qui n'ont ni à être réciproques ni à être justifiés.

By the way, on peut aussi en profiter pour prendre un petit cours de community building, y'a surement des progrès à faire du côté des Gaulois.

Clac

Tout à l'heure, en plein kiwi : "Maman, combien de temps ça dure la mort?"

dimanche 7 octobre 2012

Sunday evening nervous breakdown

Si d'aventure, vous aussi, en ce dimanche soir, vous êtes très, mais très fatigués...

vous pouvez écouter en douce cette caustique et jouissive chanson, tirée d'un album par ailleurs formidable pour toute la famille...




jeudi 4 octobre 2012

Angela

Incroyable découverte cette semaine sur quelqu'un que je côtoie, sans la connaître bien, depuis 8 mois.

Angela, c'est Angela Davis!!


Reprenons. L'Angela de mon immersion de yoga m'inspirait déjà un certain respect, d'abord elle pourrait être ma mère, ensuite elle me souleverait d'une simple traction du petit doigt de pied, elle a grandi dans le sud ségrégationniste, et elle est allée à Bruxelles récemment recevoir une honoris causa de l'Université Libre. Well, pedigree intéressant. En plus de cela son sourire du bonheur et sa coiffure inédite enrichissent tout simplement de manière unique le groupe de l'immersion... mais qui ne le fait pas. 



Well again, au détour d'une conversation, j'apprends ces jours-ci qu'Angela est un véritable symbole de la lutte pour les droits des Afro-Américains dans les années 60-70 et que, en plus de sa carrière académique comme prof de philo, elle continue de s'engager radicalement pour de multiples causes aujourd'hui, le système carcéral américain étant son premier cheval de bataille. Mais on la trouve aussi dans Occupy en 2011, militante des droits gay, anti death penalty et d'autres causes. 

Angela fut la troisième femme à faire son apparition dans la FBI's 10 Most Wanted Fugitive List pour suspicion de complicité dans un enlèvement suivi d'assassinats perpétré en 1970 par un membre des Black Panthers (qui sont comme chacun sait nés à Oakland, bourgade où je promène ma trentaine en voie d'épanouissement maximal). Elle fut acquittée et libérée en 1972. Elle a longtemps été communiste et a concouru deux fois dans les années 80 pour la vice-présidence américaine. Bref, personnalité radicale s'il en est et not at all consensuelle (sauf dans l'immersion, où elle est juste super sympa).

C'est peut-être puéril, mais moi, ça m'impressionne d'avoir fait mes asanas juste à côté d'elle pendant des mois.
Y'a même les Beatles, les Rolling Stones et à ce qu'il parait Yannick Noah qui ont composé pour elle!



Moralités, elles sont nombreuses:

-Je pense qu'elle va voter Obama.

-What do we know of eachother's past history?

-Il y a des pépites humaines partout autour de nous, qu'importe que nous l'apprenions ou pas, on n'a qu'à se balader comme si on en frôlait tout le temps!

-Il faut vraiment que je trouve un bon bouquin sur le mouvements des droits civiques (civil rights movement) aux Etats-Unis, ça m'intéresse et je ne connais pas assez!

-Je n'ai vraiment aucune culture musicale







More on Angela: http://en.wikipedia.org/wiki/Angela_Davis