Une chose est claire: la self-esteem, c'est complètement has been.
L'Amérique s'en est repu suffisamment avant de lentement découvrir les méfaits de la poursuite incessante du
"je me sens bien parce que je suis spécial, et un peu mieux".
Le problème de la self-esteem, c'est quand les personnes qui la cultivent avec talent se trouvent en situation d'échec, même modeste. Comme la self-esteem requiert à la base une évaluation de sa propre valeur, celle-ci peut chuter en flèche au gré des circonstances.
Exemple 1: je viens d'être absolument désagréable avec mon mari/ami/fils/boucher/chien/... pour rien, juste parce que cela m'a fait du bien de vider mon sac. Je me sens mal et je vais de ce pas me pourrir ma journée entière. Je vais moins travailler, moins écouter, moins profiter, moins donner...
Mini chute de la self-esteem sur une journée. Grosses conséquences.
Exemple 2: Je suis depuis plusieurs mois dans une phase de ma vie bizarroide où je ne sais pas trop quoi faire, où je vais, à quoi je peux être utile, par où commencer. Je ne produis pas. J'ai l'impression que tout le monde le voit. Je n'ai pas grand chose à dire. Chuis nul en fait.
Mmmhhh... assèchement rapide de la self-esteem, spirale négative, grosse fatigue.
Not good at all.
Un autre problème de la self-esteem, c'est que quand on en a peu, en dépit d'efforts monstrueux et continus, on se sent complètement merdique et inadéquat, on se demande quelle porte on a loupée etc...
Influencée par le bouddhisme qui place la notion de compassion au centre de sa réflexion, la recherche en psychologie s'est intéressée au concept proche de Self-compassion, une attitude qui se décompose en trois phases
1. reconnaître/voir qu'on a bobo ou qu'on a du mal avec ceci ou cela
Combien de fois ce simple constat nous reste-t-il en travers de la gorge? est-ce normal de trouver x difficile, comment ça se fait que je ne progresse toujours pas là-dessus, pourquoi je me sens ramollo aujourd'hui etc... etc... Accessoirement il peut être utile de constater que très souvent le bobo vient de la satanée et toujours très prompte self-critic que nous trimballons depuis la nuit des temps dans la besace de nos états d'âme. C'est elle qui nous fait mal en fait, pas le fait qu'on a raté...
2. développer la gentillesse envers soi (kindness)
Aurait-on idée de pourrir un enfant qui apprend à marcher pendant des jours et des jours parce qu'il tombe encore? De critiquer vivement un ami qui a merdé dans sa vie privée et de s'en tenir là, sans lui offrir d'empathie, de compassion, même si dans un deuxième temps? de ne pas rappeler la semaine d'après pour savoir comment ça va?
3. se rappeler que tout le monde fait des erreurs
La self compassion développe l'acuité de notre regard sur ce qui est commun à tous, au lieu de chercher à se différencier et à se comparer. J'ai raté, let's face it, watch it, let's forgive myself and move on.
La self-compassion a ceci de supérieur à la self-esteem qu'elle permet de trouver une voie plus sustainable d'être en relation avec soi et les autres, moins soumise aux aléas. Elle intervient en force juste là où la self-esteem est réduite à néant: en situation d'échec ou de sentiment d'échec. Elle permet de retrouver pied plus rapidement et de continuer sa route ou sa journée, les yeux grand ouverts pour percevoir toutes les situations d'apprentissage que la vie nous propose.
More on the scientific approach of Self-compassion: Kristin Neff's work and research